Afin de pouvoir alimenter les chevaux de manière adéquate et anticiper les problèmes, il est important de connaître son système digestif et ses spécificités. Cet article vise à donner un aperçu de la fonction de chaque organe.
Le cheval est un herbivore monogastrique. Son système digestif est divisé en quatre parties principales: la bouche, l'estomac, l'intestin grêle et le gros intestin.
La bouche:
C'est par la que la digestion commence. Le cheval récolte les aliments avec les lèvres et la langues et ne fait appel aux incisives que rarement (par exemple pour les carottes). Les lèvres lui permettent de trier les aliments. Ensuite, les aliments sont broyés dans la bouche par les molaires. La taille des particules est ainsi réduite et ceux-ci sont préparés pour la suite de la digestion. Le cheval ne ressent pas la satiété lorsque son estomac est plein mais arrête de manger lorsqu'il a suffisamment mâché. Il est donc important de lui fournir des aliments qui parviennent à subvenir à ce besoin de mastication, ce qui est le cas des aliments riches en fibres. Lors de la mastication, de la salive est également produite. Celle-ci comporte une concentration élevée en bicarbonate, qui va aider à neutraliser le suc gastrique acide produit par l'estomac, mais aussi à lubrifier l'oesophage.
L'estomac:
Après avoir traversé l'oesophage, les aliments atteignent l'estomac. Contrairement aux ruminants, chez le cheval l'estomac est de taille relativement petite. Il est habitué à recevoir de la nourriture en petite quantité en continu. L'estomac se divise en deux parties : la première partie une muqueuse non-glandulaire, elle ne possède pas de barrière protectrice et est très sensible au suc gastrique. La deuxième partie possède une muqueuse glandulaire, qui produit du suc gastrique. La première partie possède un pH supérieur à 5 et contient des bactéries, ce qui favorise la digestion bactérienne d'hydrates de carbones facilement fermentescibles comme le sucre, les oligo-saccharines et l'amidon. Dans la seconde partie, du suc gastrique est produit, contenant notamment l'enzyme pepsine, responsable du fractionnement des protéines et la lipase, responsable du fractionnement des lipides.
Les aliments arrivent dans l'estomac par couches et ne sont que peux mélangés. L'estomac se vide dans l'intestin grêle 6 à 8 fois par jour, le temps de séjour et la digestion gastrique qui y a lieu est donc restreinte.
L'intestin grêle:
L'intestin grêle mesure environ 20m de long et est divisé en trois parties: duodénum, jéjunum et iléus. La muqueuse de l'intestin grêle est dotée de villosités, permet d'augmenter la surface de la muqueuse. Dans l'intestin grêle, la digestion enzymatique à lieu. Pour cela, de la bile, du suc pancréatique et des sucs intestinaux sont déversés dans l'intestin. Les sécrétions biliaires et pancréatiques ont lieu en continu mais sont stimulées par l'arrivée des repas. Les différents sucs sont alcalins et permettent de neutraliser l'acidité en provenance de l'estomac. L'activité de l'amlylase (responsable de la digestion de l'amidon) est nettement plus faible chez le cheval que chez d'autres mammifères (lapin, porc, chien), la capacité de digestion de l'amidon est donc limitée. C'est pour cette raison que les rations trop riches en céréales ne sont pas adaptées aux chevaux. Cependant, les protéines et les lipides sont bien digérés par les enzyme lipase et trypsine. En résumé, l'intestin grêle est capable de digérer efficacement les protéines, les glucides, les matières grasses, les minéraux et les vitamines.
Le gros intestin:
Le gros intestin constitue la pièce maitresse du système digestif équin. Il est également divisé en trois parties: le caecum, le colon et le rectum. C'est à cet endroit qu'à lieu la fameuse fermentation microbienne, capable de tirer l'énergie des fourrages grossiers qui constituent la plus grande partie de la ration du cheval. Cette fermentation a pour rôle de décomposer principalement les fibres mais aussi une partie des nutriments qui n'ont pas été digérés dans l'intestin grêle. Le pH dans le gros intestin se situe autour de 7, ce qui permet aux bactéries de se développer. La population microbienne du gros intestin est dynamique et évolue en fonction des aliments donnés. Cependant le temps d'adaptation est relativement long, c'est pour cette raison que les transitions doivent se faire sur le long terme.
La digestion bactérienne dans le gros intestin dure autour de 35 heures en moyenne, mais peut aller jusqu'à 50 heures. Les glucides fermentescibles qui atteignent le gros intestin sont transformés en acides gras volatils (AGV), principalement l'acide acétique, propionique et butyrique. Ces AGV sont ensuite utilisés dans le métabolisme énergétique pour fournir de l'énergie au cheval. Plus de 50% de l'énergie fournie par la ration provient de la fermentation dans le gros intestin. Lorsque de l'amidon est digéré dans le gros intestin, de l'acide lactique est produit. Ceci n'est pas un problème lorsque l'organisme arrive à les utiliser, cependant, lorsque la quantité est trop élevée, le pH diminue, ce qui provoque la mort des bactéries colonisant le gros intestin et provoque des dommages à la paroi intestinale.
Pour finir, la fonction de la dernière partie du gros intestin est la résorption des électrolytes et de l'eau du contenu intestinal, pour finalement former des crottins bien moulés.
Afin d'assurer le bon fonctionnement de la digestion, la composition de la ration est d'une importance capitale. Cependant, les facteurs comme la détention, la gestion de l'alimentation et l'entrainement ont également leur rôle à jouer. Il est donc important de prendre en compte tous ces aspects et de considérer l'ensemble de l'environnement du cheval pour lui fournir l'alimentation la plus adaptée.
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